Le style gothique de Tim Burton a influencé de nombreux médias, films, séries, mais aussi des jeux vidéo comme Don’t Starve.
Il s’agit d’un jeu vidéo de survie, sorti en 2013, développé par le studio canadien Klei Entertainment. Le but principal du jeu est de survivre dans la nature et de ne pas être tué par des monstres, ainsi que, comme indiqué par le nom, de ne pas mourir de faim. Une extension multijoueur, Don’t Starve Together, sort en décembre 2014.
L’art du jeu est très sombre et d’apparence gothique, semblable au travail réalisé par Tim Burton dans ses films. Chaque personnage paraît être dessiné à la main, avec un aspect très fragmentaire, proche des dessins faits par Burton pour le film Edward aux mains d’argent. L’un des personnages principaux du jeu, Wilson, ressemble beaucoup esthétiquement à la figure de Sweeney Todd (surnom de Benjamin Barker, barbier tueur en série connu dans le folklore anglais). On retrouve le stéréotype du “savant fou”, vêtu d’un costume soigné mais aux cheveux hirsutes et négligés. Un des avantages de Wilson dans le jeu réside dans sa capacité à développer une grande barbe qui lui permet de lutter contre le froid.
Les autres personnages disponibles dans le jeu Don’t Starve ont chacun une particularité. Par exemple, Willow est immunisée contre les dommages causés par le feu et possède un petit briquet qui lui permet de laisser libre cours à sa pyromanie. Quant à Wendy, hantée par le fantôme de sa soeur jumelle, elle n’est pas effrayée par l’obscurité.
Le jeu de survie existait déjà sur consoles, comme pour Lost In Blue, jeu vidéo sorti sur Nintendo DS en 2005, où l’on retrouve des éléments surnaturels et l’existence d’un cycle jour/nuit dans le gameplay. Dans ce jeu, le joueur incarne un jeune garçon du nom de Keith, survivant d’un naufrage, qui s’échoue sur une île hostile où il va apprendre à survivre. Mais le joueur peut aussi incarner un deuxième personnage, Skye, une jeune fille retrouvée par Keith sur la plage.
La similitude avec Don’t Starve se retrouve sur plusieurs points. En plus du cycle diurne et nocturne, le joueur doit construire un camp, récupérer des matériaux pour créer des armes, chasser, pêcher et explorer son environnement. Il lui est également nécessaire de contrôler les jauges de santé physique et mentale et de faim du personnage pour éviter de mourir…
Les influences graphiques du jeu ne se limitent pas uniquement à l’oeuvre de Tim Burton mais englobent celle d’Edward Gorey, illustrateur américain qui mêle dans ses albums illustrés le sombre et le macabre. L’art d’Edward Gorey se développe dans Les Enfants fichus (The Gashlycrumb Tinies en anglais), un album jeunesse écrit et dessiné en 1963, abécédaire lugubre évoquant la mort de personnages pour chaque lettre de l’alphabet.
A pour Amy tombée au bas des escaliers
B pour Basil surpris par des ours affamés
C pour Clara lassée, décharnée et malade
D pour Desmond jeté d'un traîneau en balade
E pour Ernest gobant un noyau malvenu
F pour Fanny vidée d'un baiser de sangsue
(…)
Burton aurait d’ailleurs été influencé par Gorey pour son recueil de poèmes, La Triste fin du petit enfant huître et autres histoires, écrit en 1997 et paru en France l’année suivante, mêlant dessins originaux et textes.
Enfin, on sait que Burton a lui-même été influencé par le cinéma expressionniste allemand, en particulier Le Cabinet du Dr Cagliari, film de 1920 où un hypnotiseur fou, Cagliari, utilise un somnambule, Cesare, pour commettre des meurtres à sa place.
Don’t Starve est donc un mélange des genres : faux airs d’esthétique enfantine mais vrai jeu de survie qui ne laisse pas de place à une seconde chance.
Et on se retrouve demain sur la chaîne Twitch pour la revue de presse culturelle de la semaine à partir de 18h30 !
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