Aujourd’hui, nous partons pour un thème transversal : la place de l’artiste dans le jeu vidéo, mais aussi le cas où le joueur devient lui-même peintre ou photographe. L’artiste peut être incorporé de plusieurs façons, soit en tant que personnage principal, soit au cours de rencontres avec des personnages non joueurs.
Certains jeux, dont j’ignorais parfois l’environnement et l’intrigue avant de les aborder, m’ont marquée. Le premier jeu qui me vient à l’esprit est un jeu d’horreur. J’ai vite accroché à cet univers, mélange entre un film avec son lot de jumpscares plus ou moins prévisibles, et une narration bien menée.
Laissez-moi évoquer Layers of Fear. Le titre rappelle à la fois la peur et les couches picturales d’un tableau. On est plongé dans un manoir qu’on n’arrive à quitter à aucun moment. On ne fait qu’un avec le personnage principal qui incarne un artiste maudit, un peintre qui tente de reproduire LE tableau parfait. Cette expérience le pousse jusqu’à l’obsession de trouver les matériaux les plus adéquats pour son chef-d’oeuvre. On a l’impression d’être constamment suivi, notre santé mentale est mise à mal à chaque rencontre au détour d’un couloir et il est parfois difficile de savoir si cette vision est réelle ou si elle ne prend vie que dans notre tête.
Alors que l’environnement est peuplé de tableaux connus, de Friedrich, Goya ou Caravage, souvent associés dans le jeu vidéo à des univers sombres, l’intrigue est focalisée sur le tableau maudit dont chaque couche picturale est progressivement dévoilée au fur et à mesure que l’on avance…
Dans le très joli Eastshade, le joueur incarne un peintre itinérant qui parcourt une île où il est possible d’immortaliser des paysages : les toiles sont réalisées à partir des matériaux qu’il va trouver durant son aventure.
Le peintre peut aussi être un personnage secondaire, comme c’est le cas dans Dishonored. Dans ce jeu d’infiltration et d’aventure, l’artiste réalise des portraits d’éminents personnages au pouvoir, comme cette scène du début du jeu avec le Grand Superviseur Campbell qui prend la pose. On trouve également des peintures accrochées sur les murs des différents lieux visités par le joueur, tableaux cette fois sortis directement de l’imagination des artistes concepteurs du jeu.
On peut également avoir affaire à une artiste en manque d’inspiration, comme dans le jeu vidéo Florence. Ici, l’univers coloré teinte chaque chapitre du jeu. Le joueur incarne Florence Yeoh, âgée d’une vingtaine d’années, coincée dans un quotidien monotone et sans couleurs. Un jour, elle rencontre un musicien avec qui elle va vivre une belle histoire jusqu’à tomber à nouveau dans la routine. Point d’artiste maudit ici, mais une tranche de vie avec les doutes et les interrogations que peut avoir une jeune femme face à l’art et à la peinture, qui sont véritablement ce qui la motive. Tandis qu’elle devra faire le deuil d’une relation qui ne l’épanouit pas, elle redécouvre les joies de la création.
Il n’y a pas que la relation amoureuse qui est au centre du jeu. Egalement importants sont le rapport avec l’art, dessin ou musique, et le questionnement sur ce qui nous épanouit véritablement. Il y a une différence bien visible entre la partie grise et monotone du quotidien de Florence et les chapitres où elle rajoute de la couleur à sa vie grâce à l’art. Ce jeu ,c’est également la prise de confiance en elle de l’héroïne. La trame “artistique” est toujours présente : petite déjà, on voit qu’elle aimait créer, puis elle a délaissé son activité artistique au profit d’un travail de comptable qui ne l’épanouit pas avant d’oser remettre au centre de ses préoccupations ses rêves d’enfant.
Dans le jeu narratif Life is Strange, l’héroïne, Maxine, est, quant à elle, une jeune étudiante en photographie.
Eléments réalistes et surnaturels sont mêlés. Le personnage principal a ainsi plusieurs pouvoirs, parmi lesquels celui de voyager dans le temps et de revenir au moment où la photographie a été prise pour changer le passé, mais uniquement dans celle où elle a été soit sujet, soit auteure du cliché.
Parfois la photographie apporte plus d’émotions à l’environnement, rend une pièce plus vivante, ou rappelle au joueur des éléments du passé du personnage qu’il incarne.
Ainsi, dans le jeu Firewatch, le joueur peut récupérer un appareil photo jetable durant son aventure, qui va lui permettre d’immortaliser des morceaux de paysage, mais dans un tout autre registre, la photographie que le personnage principal a emmenée pour son nouveau travail de garde forestier lui rappelle le souvenir de la femme aimée et des jours plus heureux.
Et n’oublions pas Pokémon Snap ! Le premier Pokémon Snap, sorti en 1999, est développé pour Nintendo 64 : le joueur y incarne un certain Todd Snap qui doit aider le professeur Chen dans ses recherches en partant photographier les nombreux Pokémon vivant sur l’île. Un nouveau Pokémon Snap sort d’ailleurs le 30 avril…
Et vous, est-ce que vous pensez à des jeux qui mêlent photographie ou peinture et intrigue ?
Et on se retrouve demain sur la chaîne Twitch pour la revue de presse culturelle de la semaine à partir de 18h30 !
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