L’épisode fondateur de la série des jeux The Legend of Zelda date de 1986. Sorti sur la console Nintendo Entertainment System (NES), créé par Shigeru Miyamoto, il est destiné à concurrencer le succès de l’autre franchise de Nintendo, Super Mario Bros.
Shigeru Miyamoto et son équipe ont la volonté d’imaginer un univers mêlant exploration, combats et résolution d’énigmes.
Le royaume d’Hyrule dans lequel se déroule l’intrigue, ce « jardin miniature » tel qu’il est décrit par Shigeru Miyamoto, s’inspire directement de son enfance passée dans la campagne de Kyoto.
Au Japon, le premier jeu sort en février 1986 et une année plus tard, il débarque aux Etats-Unis. Véritable succès commercial, il met en place pour la première fois un vrai système de sauvegardes.
L’intrigue
Le héros, Link, incarné par le joueur, doit libérer le royaume d’Hyrule et sa princesse Zelda du seigneur du Mal, Ganon. Link découvre un royaume, explore ses donjons et ses sanctuaires, résout des énigmes et combat des créatures fantastiques.
The Legend of Zelda : Breath of the Wild
The Legend of Zelda : Breath of the Wild sort en 2017 sur Nintendo Switch et sur la Wii U. Au début de l’aventure, alors qu’il repose dans le Sanctuaire de la Renaissance, Link est réveillé d’un long sommeil par une voix qui l’appelle à l’aide. Il récupère la tablette Sheikah, s’habille et se met en route.
Cet opus se présente comme un véritable monde ouvert, sur le modèle de ce qui existe avec The Elder Scrolls V : Skyrim (à gauche) et de The Witcher 3 (à droite).
La particularité de l’opus Breath of the Wild est que le joueur peut explorer le monde dans sa totalité dès le début du jeu alors que dans la majorité des autres opus, le monde se dévoile petit à petit au joueur au fur et à mesure des donjons qu’il explore.
On peut aussi se déplacer à pied, en courant, en tenant compte d’une jauge d’endurance ou encore à cheval sur le dos de son fidèle destrier la jument Epona. Link peut également se déplacer par téléportation.
Les sources d’inspiration
Elles mélangent plusieurs références à la culture japonaise. Contrairement aux opus précédents (BOTW est le 19ème de la série), la direction artistique met l’accent sur l’histoire et la culture japonaise.
Pour cela, il faut remonter aux origines néolithiques et à la période Jomon (entre 10 000 et 300 avant J.-C.). Durant cette longue période, la population se sédentarise. On y voit aussi l’apparition de la céramique et la pratique de la chasse et de la pêche, ainsi que le développement de la collecte de graines et de coquillages. C’est seulement à la fin de cette longue ère qu’apparaîtra l’agriculture. La période Jomon est également marquée par la production d’objets manufacturés, en bois, en os ou en terre cuite.
« Jomon » signifie « motif de corde » et se réfère directement au décor que l’on retrouve sur les céramiques de la période, montées au colombin. Réalisé à l’aide de boudins d’argile, il pouvait être complété par des incisions faites au peigne ou en pressant un tissu sur l’argile crue avant cuisson.
Ces céramiques, le plus souvent des jarres hautes à fond plat, servaient au stockage et à la cuisson des aliments ainsi qu’à des offrandes, déposées sur des lieux de culte ou dans des cimetières.
Durant cette période Jomon, on produisait aussi des petites statuettes, nommées « dogu », que l’archéologie a permis de retrouver dans des décharges à proximité des villages. La figure humanoïde du dogu se retrouve dans le jeu avec « Cherry », un four antique capable de fabriquer des armes et des armures anciennes qui permettent au héros d’améliorer son équipement pour combattre les Gardiens.
Ces dogu sont également présents dans d’autres jeux vidéos tels que Okami (à gauche) ou Pokémon (à droite).
Le style de la période Jomon, comme cela est précisé par le directeur artistique du jeu, Satoru Takizawa, inspire tout l’univers de Breath of the Wild :
Les ennemis (les « Gardiens »), présentés comme des machines robotisées, aux longs bras et à la décoration inspirée des vases Jomon ;
Les sanctuaires qui dans leur forme évoquent des vases Jomon présentés à l’envers ;
Ou encore la tablette Sheikah utilisée par le héros : cet objet est récupéré par Link dès le début du jeu lorsqu’il se réveille dans le Sanctuaire de la Renaissance. Cet artefact aide Link tout au long de son aventure. Il est un mélange entre une carte (puisqu’il est possible de mettre des balises et des marques sur la carte générale du royaume) et une tablette numérique permettant d’activer des tours, des modules ou encore de faire des photographies.
Cette vidéo montre qu’à l’origine les dessins préparatoires de l’univers de Zelda devaient mélanger un univers proche de la science-fiction plus que du fantastique comme dans les opus précédents.
La période Jomon est relativement inconnue pour une partie du monde et ce n’est que tardivement, au début des années 50, qu’elle est mise en lumière au Japon. Le directeur artistique va jusqu’à parler de « mystère et d’émerveillement » en se référant à cette période historique et à cette civilisation ancienne pourtant technologiquement très en avance. Par l’intermédiaire de Breath of the Wild, ce serait une façon d’accepter une histoire ancienne auparavant négligée.
Dans le Japon actuel, les statuettes dogu vont parfois jusqu’à orner sous forme monumentale les stations de train (comme la station Kizukuri dans la ville de Tsugaru).
Ma première rencontre avec l’univers de Zelda a eu lieu en 2001 lors de la sortie de Oracle of Seasons et Oracle of Ages auxquels j’ai joué sur Game Boy Color. Et je pense que je n’ai pas fini de vous parler de cet univers…
Je viens de découvrir la période Jomon grâce à ton Blog ! Merci et bravo ! Bonne poursuite de ces analyses passionnantes !
Merci Sophie pour ce billet, c'est vraiment hyper intéressant ! J'ai beau avoir eu les mêmes cours que toi sur l'art de la Chine et avoir passé quasi 150h sur ce jeu, je n'avais jamais fait le lien 😅